L’organisation de l’élection présidentielle d’octobre prochain et la question d’une nouvelle révision de la liste électorale alimentent depuis quelque temps les débats. L’ex-préfet d’Abidjan, Vincent Toh Bi Irié s’est invité au sujet ce jeudi 20 février 2025 à travers une publication dont nous avons pris connaissance. Il s’est notamment appesanti sur le collège électoral en Côte d’Ivoire non sans manquer de relever les conséquences sur les résultats sortis des urnes.
L’ex-préfet d’Abidjan a enfin donné sa position dans le débat faisant rage dans l’arène politique ivoirienne sur la question des listes électorales et conséquemment de l’inscription sur lesdites listes. « Je voudrais apporter ici cet éclairage technique et politique, sur la base de chiffres récoltés par certaines organisations spécialisées, notamment International IDEA »,a-t-il précisé d’emblée.
A l’en croire, la conclusion sur laquelle l’on peut sauter immédiatement est que la Côte d’Ivoire a l’une des plus faibles populations électorales d’Afrique. Et cela parce que, a-t-il expliqué, par rapport à la population générale, le nombre de personnes inscrites sur les listes électorales est relativement faible en tenant compte des chiffres du Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) 2021 et sur le chiffre beaucoup plus stable et fixe de la population électorale des législatives de mars 2021 (plutôt que les populations fluctuantes et légales des populations électorales des élections locales de septembre 2023).

Dans un tableau pour illustrer ses propos, Vincent Toh Bi a indiqué que la population électorale de Côte d’Ivoire, avec ses 25,11%, est presque 2 fois plus faible que la plus faible population (Niger 42,26%) des 21 pays sélectionnés y figurant. « Certains pays telle que l’Afrique du Sud affichent des taux records de 68%. Des voisins tel que le Liberia grimpent jusqu’à 53,79%. Certains pays africains telle que l’Egypte (où le vote est obligatoire) et non Africains tel que le Pérou ( où ne pas participer à une élection peut être puni d’une amende équivalant au SMIG), affichent de forts taux », a-t-il démontré.
Qu’est-ce qui alors explique ces écarts entre les populations électorales ? Selon lui, il s’agit de la structure de la population ( jeunes , adultes , vieux ) ; la majorité électorale (16, 18 ou 21 ans) ; le système d’enregistrement électoral (annuel, séquentiel, événementiel ponctuel, permanent, cyclique ou opportuniste), les migrations, la participation politique, l’atmosphère générale de liberté ou de transparence, la tradition électorale , la composition genre (hommes/femmes) et le niveau d’éducation.
Par ailleurs, il est revenu sur la confiance dans les institutions et la commission électorale. « Pourquoi est-il inquiétant qu’un pays comme la Côte d’Ivoire ait une faible population électorale ? », a-t-il interrogé. Et de répondre : « parce que si une bonne partie de la population n’a pas participé au processus électoral en s’inscrivant ou en votant, il peut se poser un problème de légitimité des institutions et des personnes sorties des urnes, malgré leur légalité. Les populations pourraient ne pas se reconnaître dans les orientations, les décisions et les politiques publiques prises par les autorités élues, du président de la République aux élus locaux ». Il en veut pour preuve l’exemple du Mali, qui fut pendant plus de 20 ans l’une des plus grandes démocraties d’Afrique dont la population électorale et la participation au vote n’ont cessé de décroître (jusqu’à 24%) de 1990 à 2012,’’ le moment du malheureux affaissement de cette démocratie’’. « Ce débat est donc essentiel et devrait être pris avec beaucoup de sérieux, en dehors des passions des chapelles politiques », a-t-il insisté.
