L’ex-préfet d’Abidjan, Vincent Toh Bi Irié, s’est prononcé sur la guéguerre interne au Parti démocratique de Côte d’Ivoire opposant les camps Thiam et Billon. Dans une contribution ce mercredi 18 décembre 2024, sur sa page officielle, il a averti le plus vieux parti des risques encourus face à cette situation dans la perspective de l’ élection présidentielle à venir et de la stabilité du pays.
Vincent Toh Bi Irié a dit parlé en ‘’ tant qu’Ivoirien, au regard du développement politique dans les pays africains et du travail qu’effectue son organisation, Aube Nouvelle, sur le territoire national dans les communautés. «Et je dis : ‘’ PDCI, attention !’’. Les tournures que prennent les débats internes à ce parti, les appels grondants et sourds à une vendetta, s’ils ne sont pas gérés avec la sagesse traditionnelle à ce parti, risquent de l’affaiblir », a-t-il commencé son interpellation. Selon lui, dans la volonté du PDCI de constituer l’alternance démocratique, en face d’un mastodonte tel que le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), une formation politique représentée sur chaque centimètre carré du territoire national et partout où existe une communauté nationale ivoirienne, il faut une solide cohésion interne pour un combat de gladiateurs.
« Pendant que des appels à la décapitation s’entendent pour des opinions différentes au sein du PDCI, en face, le RHDP multiplie les initiatives de cohésion interne par des actes forts et symboliques . Le jour-même où le PDCI laisse éclater des divergences apparemment insurmontables, le président du RHDP (qui est en même temps le président de la République) signe une décision très symbolique de nomination au poste de conseiller spécial auprès de lui-même d’un de ses collaborateurs avec qui un froid s’était installé en 2020. Le même président du parti avait eu, il y a 1 an, suffisamment d’humilité pour procéder à la réintégration de militants et cadres du parti sanctionnés, qui l’avaient défié en se présentant en candidats indépendants aux élections locales de septembre 2023. Enfin, le même président envoie une armada de hauts dignitaires pour ramener à la maison tout député membre qui menace de partir du parti »,a-t-il expliqué. Pour lui, ces actions ne sont fortuites. Elles reflètent une volonté de montrer la cohésion et de ne perdre aucun millilitre d’influence, à l’approche d’échéances imminemment importantes. « C’est tout à l’honneur du RHDP et de son président », a-t-il félicité.
Ainsi, face à un tel adversaire naturel, il a conseillé au PDCI de gérer au mieux ses contradictions internes. « Pour ses plus de 75 ans d’expérience, pour la fondation de la Côte d’Ivoire, pour les valeurs que ce parti historique a infusées dans les gènes des Ivoiriens et de la Côte d’Ivoire, la vie interne et externe du PDCI devrait intéresser tout Ivoirien, qui veut la paix et la stabilité dans notre pays. Le PDCI est un patrimoine national. Pour les esprits toujours prêts à soupçonner de connivence avec telle ou telle formation politique, replaçons l’argumentation sur un autre aspect technique et politique »,a-t-il dit. A l’en croire, la vie politique d’un pays n’est solide et stable que lorsque ce pays s’asseoit sur de grands blocs politiques (les Républicains et les Démocrates aux États-Unis, la Gauche, la Droite, le Centre en France, par exemple). « Si la Côte d’Ivoire s’est pliée mais ne s’est pas irrémédiablement cassée durant les crises de ces 30 dernières années, c’est parce que 3 grands blocs ont animé la vie politique et ont établi des passerelles entre eux (PDCI,FPI, RDR-RHDP), même si leur alternance au pouvoir a sécrété du venin les uns contre les autres. Pourtant, l’un des blocs s’est fractionné en 3 ou 4 sous-blocs, affaiblissant d’une certaine façon le paysage politique ivoirien. Si le deuxième grand bloc, le PDCI, se délite, lui aussi, ce n’est pas une bonne chose pour la Côte d’Ivoire. Ce n’est pas non plus stratégiquement une bonne chose pour l’actuel parti au pouvoir », a-t-il prévenu.
Vincent Toh Bi Irié a dit baser son argumentaire sur les théories politiques générales et également au vu de son expérience politique et technique personnelle dans différentes parties du monde. Par ailleurs, a-t-il ajouté, un émiettement de deux des 3 grands blocs politiques fait courir le risque de tensions et de conflits à l’occasion des élections de 2025. « On ne peut pas passer toute notre vie ivoirienne à trembler tous les 5 ans, à l’occasion d’élections présidentielles. Le PDCI a toujours été le parti le plus démocratique de Côte d’Ivoire, permettant des positions opposées en interne, des débats contradictoires, des élections ouvertes et transparentes en son sein. C’est ce qui lui a permis de résister aux contre-coups de l’Histoire (la création du RDR, de l’UDPCI, du RHDP, sortis du corps du PDCI). Le PDCI se doit donc de soutenir et de gérer ses contradictions internes. Faute de quoi , il risque de voir émerger ou de se faire dépasser par de nouveaux acteurs libres qui essaieront d’occuper un espace où il y a des opportunités d’expression et de positionnement national »,a-t-il conclu.
Franck K