À quelques mois de la présidentielle ivoirienne prévue en octobre, la tension monte discrètement dans les esprits. C’est dans ce climat de veille électorale que le Père Marius Hervé Djadji, prêtre catholique bien connu pour son franc-parler, a publié un message poignant à l’endroit du président de la Commission Électorale Indépendante (CEI), Ibrahime Kuibiert-Coulibaly.

Dans un texte posté ce lundi 14 avril 2025 sur sa page Facebook, l’homme d’Église a choisi de briser le silence au nom de sa conscience citoyenne et spirituelle. « Me taire, c’est pratiquer le silence coupable », écrit-il, en pleine Semaine Sainte, affirmant son devoir de vérité au nom de la mémoire des victimes passées des crises électorales.

Le Père Djadji ne mâche pas ses mots. Il appelle à la responsabilité morale du président de la CEI, rappelant les tragédies postélectorales qui ont endeuillé le pays depuis 1990. Évoquant les scrutins de 2000 et 2010, il brosse une fresque sombre des manipulations, trahisons et violences engendrées par des processus électoraux opaques et contestés. « Voulez-vous être un autre Pilate ou un Joseph d’Arimathie ? », interpelle-t-il, dans une analogie forte entre la mission du juge et la Passion du Christ.

S’il dit ne parler ni au nom de l’Église catholique, ni d’aucune organisation politique, le prêtre affirme son engagement de citoyen ivoirien. Son unique souhait : voir une élection sans morts. Un souhait devenu rare dans le paysage démocratique ivoirien, où chaque échéance électorale ravive les douleurs d’un passé non cicatrisé.

À travers ce message, le Père Djadji exhorte la CEI à plus d’impartialité, de transparence et de courage dans sa mission. Il demande que la voix du peuple soit entendue et respectée, que les erreurs du passé ne soient pas répétées. « Si nous ne pouvons pas compter nos morts, pouvons-nous au moins arrêter l’hémorragie ? », questionne-t-il, dans une supplique à peine voilée.

Ce cri du cœur, bien que symbolique, pourrait bien résonner au-delà des cercles religieux. Dans une Côte d’Ivoire encore marquée par les séquelles des crises électorales, il rappelle à chacun — dirigeants, institutions et citoyens — que la paix se construit aussi dans la vérité, la justice et la mémoire.


Toussaint Konan

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POLITIQUE

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