De passage à Paris, en France, le président du Front populaire ivoirien, Pascal Affi N’Guessan, a eu un entretien sur Radio France Internationale ce mercredi 20 novembre 2024. Candidat à la prochaine présidentielle, il a passé en revue l’actualité politique de son pays.
RFI : Vous êtes candidat à la présidentielle de l'an prochain pour le FPI. Mais en 2020, vous avez appelé à un boycott actif parce que le président Ouattara se présentait pour un troisième mandat. Si l'an prochain, il se présente pour un quatrième mandat, qu'est-ce que vous ferez ?
Pascal Affi N'Guessan : Mais nous avonsdéjà appelé à ce qu'il renonce à ce quatrième mandat. Parce que déjà, letroisième mandat, vous le savez bien, a été assez chaotique. Et depuis, lasituation s'est dégradée aussi bien au niveau intérieur qu'au niveauinternational. Ce serait un grand risque pour le pays que Monsieur Ouattarasoit encore candidat en 2025.
Et pourtant, il y a un taux de croissance annuel supérieur à 7%, non ?
Oui,c'est vrai. Mais vous savez, le taux de croissance n'a rien à voir avec laréalité. Sur le plan social, c'est la catastrophe. L'espérance de vie a reculésous Monsieur Ouattara de 58 à 57 ans. L'indice de développement humain s'estdégradé. Il y a beaucoup de pauvreté. Sur le plan politique, la réconciliationnationale est un échec. Sur le plan de la gouvernance, il y a beaucoup demalversations, beaucoup d'enrichissement illicite, de corruption. Et donc il ya une forte attente de la part des Ivoiriens au changement.
Le RHDP au pouvoir appelle Alassane Ouattara à se présenter l'anprochain. A votre avis, il va y aller ou pas ?
Jene crois pas. Je ne pense pas. Parce que Monsieur Ouattara est bien conscientdu risque que cela représente pour lui-même et pour le pays s'il étaitcandidat.
Et à votre avis, qui sera le dauphin d'Alassane Ouattara pour leRHDP ?
C'estune question interne.
Vous avez une petite idée ?
Oui,j'ai une petite idée, mais je la garde pour moi.
On parle du vice-président Tiémoko Meyliet Koné…
Évidemment.Quand on a été vice-président, on aspire légitimement à être président. Donc cene serait pas une surprise si c'était lui qui était choisi comme le candidat duRHDP.
Et quelle est votre stratégie en vue de la présidentielled'octobre prochain ? C'est d'y aller seul ou de faire alliance avecd'autres ?
Voussavez, en Côte d'Ivoire, aucun parti à l'heure actuelle, qu'il soit au pouvoirou pas, ne peut gagner seul. Nous avons des appels du pied émanant du PPA-CI duprésident Laurent Gbagbo et il y a donc des frémissements en faveur de cesretrouvailles. Et je suis persuadé que nous allons nous retrouver pour gagnerensemble l'élection de 2025.
Alors, Laurent Gbagbo n'a pas toujours été gentil avec vous.Quand il est parti avec le PPA-CI, il a traité votre parti FPI « d'enveloppevide »…
C’estça. Mais aujourd'hui, le président Gbagbo se tourne vers cette enveloppesoi-disant « vide », ce qui signifie qu'elle n'est pas aussi vide queça, parce qu'on ne court pas derrière une enveloppe vide, on ne fait pas appelà une enveloppe vide pour construire un rassemblement. Le président Gbagbo abien compris que c'est dans ces retrouvailles que nous avons une chance derevenir au pouvoir. Il a lancé un appel depuis Bonoua [le 14 juillet dernier],il a envoyé plusieurs délégations en notre direction et donc je pense que lemoment est venu de nous retrouver et nous allons faire en sorte que cesretrouvailles-là conduisent notre famille politique au pouvoir en 2025.
Et vous seriez tous deux candidats en octobre, quitte à vousdésister pour le mieux placé au deuxième tour ? Comment vous voyez leschoses ?
Toutcela est à négocier. Juste avant ce déplacement en Europe, nous avons reçu unedélégation du PPA-CI et il est question que le président Gbagbo et moi, nousnous retrouvions, parce qu'au-delà de l'accord, il y a une réconciliation àorganiser. Nous nous sommes opposés. Pour pouvoir rassurer l'opinion, pourpouvoir crédibiliser une quelconque alliance, il faut d'abord que nous donnionsdes signaux forts à l'opinion, pour montrer que nous avons tourné la page desdissensions. Et cette nouvelle dynamique doit être matérialisée par unerencontre. Et je pense qu'à l'occasion de cette rencontre, nous allons échangersur la manière d'aller ensemble à ces élections de 2025.
Et si Laurent Gbagbo reste inéligible, que se passera-t-il ?
Ilappartiendra au président Gbagbo de voir quelle est la posture à adopter. Maisce qui est important, c'est que nous soyons ensemble pour ces élections, soitavec le candidat du FPI soutenu par le PPA-CI. Évidemment, étant donné qu'il ya un ticket, ce sont des choses qui se négocient, pour mobiliser l'électorat degauche afin qu'ensemble nous puissions gagner.
Est-ce que l'ancien ministre de Laurent Gbagbo, Charles BléGoudé, ne convoite pas lui aussi l'électorat de Laurent Gbagbo ? Et est-cequ'il ne risque pas d'être pour vous un rival politique ?
Ilest plus jeune, il a le temps pour lui et je pense que, à l'heure actuelle, ils'agit pour la Côte d’Ivoire de savoir choisir un président qui soit enquelque sorte une passerelle entre l'ancienne génération [incarnée par] leprésident Gbagbo, le président Alassane Ouattara et cette nouvelle génération dont vous parlez. Etje pense que, logiquement, je devrais être le candidat de la transition, lecandidat de la passerelle, pour permettre à cette nouvelle génération de serenforcer, et demain, d'assurer la relève.
Source RFI