Le discours du Premier ministre malien Choguel Maiga, le samedi 16 novembre 2024, lors de la commémoration de la Libération de Kidal continue de susciter de nombreuses réactions sur la toile, mais aussi au sein de la société malienne. Notamment parmi le collectif pour la défense des militaires CDM. Ceux-ci, accompagnés de leurs partenaires, invitent l’ensemble des soutiens aux Forces de Défense et de Sécurité à une conférence de presse, ce mardi 19 novembre 2024, autour du thème : « exiger la démission du Premier ministre Choguel Maiga pour haute trahison et soutenir la transition ». Cette action fait suite, rappelons-le, aux propos du Premier ministre, chef du gouvernement de la transition malienne, par ailleurs président du comité stratégique du M5-RFG, à l’occasion de la commémoration de la Libération de Kidal.
A cette rencontre, en plus de la commémoration de la libération de Kidal, Choguel Maiga a abordé la clarification du processus de transition au Mali, et les propositions pour une réorientation de la Transition. « La date du 14 novembre 2023, date mémorable à plus d’un titre, parce que date de la libération de la capitale de la 8e Région administrative du Mali. Il ne serait nullement excessif de soutenir que cette date marque, non seulement la libération d’une localité malienne du néocolonialisme et de ses suppôts traitres à la Nation, mais également, celle de l’unification de la Patrie, le Mali que l’ennemi avait réussie, trois décennies durant, à briser » a indiqué le Premier ministre malien pour magnifier la libération de Kidal.
Cependant, là où la polémique a pris forme, et crée une division au Mali, c’est lorsqu’il a touché les sujets de la clarification du processus de transition au Mali, et les propositions pour une réorientation de la Transition. « Il y a un véritable risque de graves reculs aussi bien politique que sociaux. Des pratiques que le peuple malien a ouvertement et publiquement combattues, hier seulement, sous l’ancien régime, refont surface, au galop, quand ils n’ont pas pignon sur rue aujourd’hui », a-t-il affirmé. Soutenant sa critique, il a pointé du doigt une volonté délibérée de confusion de la junte malienne. « (…) ce qui m’est donné de constater est tout simplement stupéfiant. Entre 1991 et 2021, donc en trente ans, il y a eu la création de deux cents partis politiques au Mali. Entre 2021 et 2023, en deux, et après les ANR, il y a eu la création de délivrance de récépissés de cents (100) partis politiques. Qu’est-ce à dire ? uniquement ceci : une volonté délibérée d’en ajouter à la confusion ; plus il en aura, plus il sera loisible de les manipuler », a-t-il critiqué. Selon lui, « la transition était censée prendre fin le 26 mars 2024. Mais elle a été reportée sine die, unilatéralement, sans débat au sein du Gouvernement ».
« Aujourd’hui encore, il n’existe aucun débat sur la question. Le Premier ministre est réduit à se contenter des rumeurs de la presse ou à une interprétation hasardeuse des faits et gestes du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation », a-t-il décrié. Toutefois, il a fait l’éloge des forces armées et a appelé à l’unité et au « respect des autorités politiques, garant de force et de stabilité ». Si le collectif pour la défense des militaires CDM, qui veut « exiger la démission du Premier ministre Choguel Maiga pour haute trahison », y voit une cause de déchirement entre les membres de cette transition, pouvant fragiliser la junte, une autre frange de la classe politique applaudit Choguel Maiga, voyant une ouverture de parole objective pour un changement, a-t-on appris.
Casimir Boh