Les Etalons du Burkina Faso se sont qualifiés, dimanche 13 octobre 2024, au stade Félix Houphouët Boigny, à Abidjan, pour la prochaine Coupe d’Afrique des Nations (CAN 2025) au Maroc, en battant le Burundi sur le score de 2-0. Deux buts réalisés par Mohamed Konaté à la 5e mn et Bertrand Traoré à la 94e mn, lors de la 4e journée des éliminatoires. Cette rencontre s’est jouée non pas au Burkina Faso mais en Côte d’Ivoire, dans un contexte politique non convivial entre le pays hôte et le pays des Hommes intègres. Car ces deux pays frontaliers s’accusent mutuellement de déstabilisation, sur fond de tension entre l’Alliance des Etats du Sahel (AES) et la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Aussi, la fin du match a été marquée par l’envahissement de la pelouse du stade Félix Houphouët Boigny par les supporters burkinabés venus en grand nombre pousser leur sélection à la victoire, amplifiant une polémique sur la toile entre leurs différents partisans.
Connu pour ses sorties critiques contre les trois pays de l’AES, le Mali, le Niger et le Burkina Faso, en faveur du régime ivoirien, l’ex-ministre ivoirien des Sports et ancien député de Fresco, ville située sur la côtière, a réagi à cette rencontre footballistique impliquant un pays de l’AES en terre ivoirienne. « Jour de match…Les souverainistes qui luttent pour la souveraineté de tous les pays d’Afrique jouent ce 13 octobre 2024 à Abidjan en Côte d’Ivoire. Ils auraient pu jouer à Bamako. Bamako où d’autres souverainistes leur ont demandé d’aller jouer ailleurs, mais pas au Mali. Abidjan, c’est en Côte d’Ivoire. Le pays le plus accueillant d’Afrique où tout est gratuit. Après ce deuxième match au stade Félix Houphouët Boigny, attendons-nous à voir les Burkinabè mettre un peu d’eau dans leur dolo et leur tchapalo. Parce qu’en réalité, les Burkinabè auront toujours besoin de la Côte d’Ivoire pour avancer », a critiqué Alain Lobognon sur sa page X, s’adressant au chef de la transition burkinabé, le Capitaine Ibrahim Traoré et son homologue malien le Colonel Assimi Goita, chef de la transition du Mali, concernant l’indisponibilité de stade homologué par la Confédération Africaine de Football au Burkina Faso.
Comme lui, Dr Jean Baptiste Zongo, un cyberactiviste, également proche du régime d’Abidjan s’est invité dans la polémique. « Vous parlez de panafricanisme et de solidarité dans l’AES ? Pourtant le Burkina Faso avait demandé le stade de Bamako, mais le Mali a refusé. C’est finalement la Côte d’Ivoire qui a dit oui depuis août 2024 en offrant deux de ses plus grands stades au Burkina Faso. Merci ADO (…) Notre incivisme, notre irrespect et notre ingratitude. La Côte d’Ivoire remerciée en monnaie de singe. A la fin du match Burkina Faso vs Burundi qui se jouait en Côte d’Ivoire, en plus d’avoir envahi la pelouse mettant en danger les infrastructures sportives ivoiriennes et provoquant des risques de bousculades mortelles, les supporters burkinabés ont malheureusement agressé leur propre joueur pour avoir des maillots. C’est honteux pour l’image du Faso », a indiqué sur X, Dr Jean Baptiste Zongo.
De plus, un autre partisan de la CEDEAO, Abou Illiasso, de nationalité nigérienne, a, lui, mis en avant l’hospitalité légendaire de la Côte d’Ivoire. « J’avais dit toujours en tant que Nigérien et africain que la Côte d’Ivoire de son excellence Alassane Ouattara est un exemple d’intégration africaine, c’est en Côte d’Ivoire que les panafricanistes de circonstance doivent prendre des exemples. Vive la Côte d’Ivoire, vive la CEDEAO », a-t-il renchéri. Par contre, Morel Sulivane, un autre internet, qui s’est invité à cette polémique, s’est attaqué, lui, à cette position tranchée de l’ancien ministre ivoirien, Alain Lobognon. « Pour un intellectuel, votre raisonnement me dépasse. Je me demande comment vous avez fait pour devenir ministre dans notre pays. Cet amalgame dangereux entre la politique et le sport est la preuve que vous êtes déconnectés des réalités de nos sociétés. Sortez de l’émotion SVP », a-t-il répondu.
A l’instar de celui-ci, Fernand Dédeh, journaliste sportif émérite, ancien employé de la télévision nationale (RTI), s’est adressé à l’ex-député de Fresco, Alain Lobognon, en apportant une touche impartiale à cette polémique, en mettant en avant les liens historiques entre les deux nations. « Les peuples ivoirien et burkinabé ont des liens très forts que le dépit amoureux passager des dirigeants ne sauraient briser. Je suis au Plateau, j’ai l’impression d’être à Ouaga », a-t-il indiqué. Pour ces partisans de la CEDEAO, la CAF doit sanctionner les Etalons du Burkina Faso suite à l’envahissement de la pelouse du stade Félix Houphouët Boigny, par leurs supporters, en imposant un huis-clos, lors de leur prochaine sortie en Côte d’Ivoire. Par ailleurs, il faut louer dans l’ensemble l’amabilité des autorités ivoiriennes. Mais aussi le fair-play qui a prévalu entre les communautés pendant cette rencontre internationale. Signe que le Sport et la politique sous-régionale doivent être dissociés pour une bonne entente et une intégration des peuples.