La sortie, probablement définitive, de la Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a remis à jour la question de la monnaie ECO. En effet, la Confédération de l’AES a entériné sa sortie officielle de la CEDEAO, le 14 décembre 2024, et pris des dispositions sur la circulation des biens et des personnes, de résidence et de commerce dans leur espace régional incluant le Mali, le Burkina Faso et le Niger.
Ces mesures annoncées par le trio de l’AES a contraint la Conférence des chefs d’Etats de la CEDEAO, à Abuja (Nigeria), lors du 66e session ordinaire, « à accélérer les réformes économiques, politiques et stratégiques et à poursuivre la diversification économique par le biais de sources de revenus multiples, en élargissant la gamme des secteurs et des marchés pour des fondations économiques plus solides et plus stables, nécessaire pour soutenir la convergence régionale requise pour la monnaie unique de la CEDEAO ».
« Le sommet adopte les critères proposés par le Comité de Haut Niveau pour la sélection des Etats membres candidats actuels ou futurs au lancement de l’ECO, il instruit la Commission, en collaboration avec l’Agence Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (AMAC) d’assurer l’intégration de ces critères dans la Protocole portant l’Accord de l’Union monétaire de la CEDEAO », ont indiqué les Etats membres.
De plus, la Conférence a dit endosser les propositions du Comité de Haut Niveau relative aux coûts, aux sources et aux modalités de financement de la mise en œuvre des réformes et des institutions nécessaires au lancement de l’ECO. Et exhorté les banques centrales et les Etats membres à prendre des mesures nécessaires pour le paiement de leurs contributions financières pour l’opérationnalisation desdites institutions dès que la décision sur la date effective de lancement de la monnaie unique de la CEDEAO est prise.
En guise de rappel, la monnaie ECO a été aperçue comme une alternative au franc CFA, sujet de plusieurs critiques, considérée comme une monnaie néocoloniale par des membres de la CEDEAO. La France, l’ancienne puissance coloniale, avais pris la décision de se retirer du Conseil d’administration et du Comité de politique monétaire de la BCEAO, mais aussi de la Commission bancaire, de la monnaie ECO. Ce, en vue de garantir sa neutralité dans cette nouvelle monnaie. Avec le retrait des trois pays de l’AES, dont certaines indiscrétions annoncent une nouvelle monnaie pour bientôt, la CEDEAO se devait d’activer ce projet controversé de la monnaie ECO.
Casimir Boh