Et revoilà l’ex-préfet d’Abidjan !  Egal à lui-même, à travers de textes poignants auxquels il a habitué ses lecteurs, Vincent Toh Bi Irié s’est appesanti, ce mercredi 27 novembre 2024, sur la conception d’Homme d’Etat. Dans une publication su sa page officielle, il donne les attraits particuliers dévolus à cette appellation. Ci-dessous l’intégralité de sa pensée.

HOMME D’ÉTAT ET HOMME D’ÉTAT

Il y a Homme d’Etat et homme d’Etat. Il y a Homme d’État et hommes qui occupent une fonction d’Etat. J’entends souvent de la bouche de certains hauts responsables Africains: “Nous, les hommes d’État…”. Occuper une fonction d’État, au sommet ou au milieu ne confère nullement l’attribution d’Homme d’Etat. Ces dernières années, mes missions dans différentes parties du monde m’ont aidé à reconfirmer ce que recouvrait, dans mon entendement, l’expression “Homme d’Etat”. J’ai vu des villes et des pays à l’histoire fascinante, jamais prédestinés à être ce qu’ils sont aujourd’hui, mais qui le sont devenus par la force de la volonté d’individus, au prix de sacrifices, jugés postérieurement positifs ou négatifs. J’ai lu l’histoire de certains peuples jadis austères mais devenus une admiration du reste du monde, grâce à leurs dirigeants visionnaires et altruistes.

 Un Homme d’Etat est un homme (au sens générique)qui est capable de transformer des rêves communautaires en réalité, qui impulse une force mentale et une ferme foi à ses concitoyens pour un aujourd’hui et un lendemain meilleurs. Un Homme d’Etat est un homme capable de transcender les barrières, les préjugés, les partialités, pour hisser une communauté ou un État à un niveau de rêve et d’équilibre, qui peut contrarier sa sécurité, son confort ou ses privilèges à lui et à son cercle immédiat d’intérêt (son parti, sa religion, son clan, sa race ou sa religion).

 Un Homme d’Etat est un homme qui place l’Etat et son bonheur comme son Sacerdoce personnel et exclusif. C’est peut-être parce que beaucoup de nos dirigeants nationaux et locaux, dans cette hémisphère, ont une faible conscience de leur impact et de leur contribution à l’histoire de leurs communautés que nous assistons à des distorsions et des dysfonctionnements dans notre vie publique et politique, car beaucoup y arrivent par accident ou par opportunisme. 

Les petits politiciens aux calculs locaux et partisans, diplômés en intrigues politico-politiciennes, préoccupés par leurs positons de domination sur leurs concitoyens ne bénéficieront jamais du statut d’Homme d’Etat dont ils se gargarisent , ils fileront vite au statut de parenthèse ou de passif de l’histoire de leurs communautés ou de leurs pays respectifs. Est-ce cela l’ultime aboutissement d’une vie politique ou publique?