La mort brutale de l’étudiant Déagoué Zigui Mars Aubin, alias « Général Sorcier », en début de semaine, a visiblement été la goutte d’eau de trop qui a fait déborder le vase et exaspérer la société ivoirienne, notamment l’ensemble des acteurs de l’Education Nationale et le Gouvernement, à propos de la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI). Cette mort, faut-il le rappeler, a entrainé à la fois des violences au sein de l’Université Félix Houphouët Boigny entre étudiants et force de l’ordre, fait craindre des troubles à venir, et causé l’arrestation du secrétaire général de la FESCI, Sié Kambou soupçonné dans cette affaire. Elle a également mis à nu un système anarchique dans l’attribution des chambres universitaires dans le temple du savoir. D'ailleurs, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a vite fait d' ordonner la libération de ces chambres sur le campus, occupée de façon illégale.
En plus de ce désordre organisé au niveau de l’attribution des chambres sur le campus universitaire, d’autres faits reprochés aux organisations estudiantines notamment la FESCI contribuent à ternir leur image. « Ils font leur sport parfois comme les hommes en arme en occupant même la voie publique. Ils ont leur place déjà réservée dans le bus. Parait-il qu’ils ne paient pas. Ils sont privilégiés au restaurant du campus et personne n’a le droit de s’asseoir à leur table. Ils ont un quota sur toutes les bourses perçues par les étudiants. Ils ont des chambres sur le campus et c’est eux qui encaissent le loyer. Ils prennent de l’argent avec tous ceux (étudiants) qui font du commerce sur le campus. La mairie n’a pas le droit d’encaisser les taxes municipales dans leur périmètre, c'est eux qui prennent cela. Si tu dragues une fille du campus et que l’un d’entre eux s’intéresse à elle, tu vas lire l’heure. Ils peuvent stopper les cours quand ils veulent. L’administration peut rien faire. En gros, c’est eux qui font la loi au campus. Vivement qu’une solution soit trouvée », s’est plaint un internaute sur la plateforme chronique 225.
Nouvelle attribution de chambres universitaires, vers une refonte générale du syndicalisme estudiantin ?
« Le ministère informe les étudiants que, dès la fin de cette opération, un vaste programme d’admission et de réadmission en cité démarre dans l’ensemble des CROU. Les nouveaux critères d’accès aux chambres en cité seront bientôt portés à la connaissance des étudiants », a souligné le Professeur Kobea Toka Arsène, le directeur de cabinet, en rapport avec le sursis de quarante-huit heures donné par le ministère aux étudiants logés en toute illégalité dans les chambres universitaires pour libérer lesdites chambres. Cette mesure cache-t-elle d’autres à venir dans le système syndical estudiantin voire la dissolution de la FESCI ? « Dissoudre la FESCI est contre-productif et antidémocratique. Il faut extirper ses mauvaises pratiques et personnes. La « normaliser » en lui ôtant tant de prérogatives. La vie syndicale est une école de vie et de politique. Nos futurs dirigeants peuvent y provenir. A chaque fois que je suis invité par une section de la FESCI, j’insiste sur le fait, pour le syndicat, de sortir de certaines pratiques. C’est dommage que nos jeunes frères persistent sur ce chemin. Vraiment dommage », a réagi sur sa page officielle Dr Arthur Banga, analyste sur la Nouvelle Chaine Ivoirienne (NCI). Cependant, si le gouvernement a interdit toute activité syndicale à titre conservatoire jusqu’à nouvel ordre, une refonte du secteur syndical estudiantin à la satisfaction générale, s’impose.
Casimir Boh