La production nationale de noix de cajou connaît une courbe ascendante depuis quelques années avec une quantité estimée 1 225 935tonnes en 2023, selon les données du Conseil coton anacarde. En revanche, si cette embellie profite aux acteurs, notamment les producteurs, un pan de la chaîne de valeur de cette industrie reste tout de même moins enthousiaste, celui de la transformation. Avec un taux de transformation estimé graduellement en 2018, à 9% avec 68 515 tonnes de noix brutes transformées, à 14,1% en 2021avec 136 854 tonnes et 21,25% en 2022 avec plus de 218 000 tonnes, toujours selon les statistiques du Conseil, les acteurs locaux impliqués dans la transformation déplorent un manque de matières premières. Quoique les autorités, par diverses sources de communication, tentent d’assurer le contraire. En attendant d’atteindre l’objectif de transformation d'ici 2030fixé à plus de 50% de la production locale, les industriels du secteur peinent à trouver des noix brutes. Selon des professionnels, qui ont choisi de garder l’anonymat, aujourd’hui du fait de l’exportation de la quasi-totalité des noix de cajou vers l'extérieur, l'approvisionnement en noix de cajou est un parcours de combattant. « Nous les petits transformateurs rencontrons d’énormes difficultés à nous approvisionner en amande de cajou. Ce qui impacte fortement le coût de l’amande sur le marché », a décrié notre interlocutrice. Même son de cloche du côté d’une autre agro transformatrice rencontrée au cours des Journées nationales du cacao et du chocolat, fin septembre. Pour cette dernière, c’est un fait que la Côte d’Ivoire soit première productrice de noix de cajou, mais la noix coûte excessivement chère.
Des géants sur le marché
A en croire notre opératrice, aujourd’hui, il est difficile pour un « petit » investisseur de la transformation d’être rentable. Déjà, a-t-elle rappelé, le 12 juillet dernier, le Premier ministre, ministre des Sports et du cadre de vie, Robert Beugré Mambé, a procédé à l’inauguration, à Boundiali, d’une nouvelle usine de transformation de noix de cajou. Bâtie sur une superficie de 10 hectares, cette unité a une capacité de traitement de 50tonnes/jour. Ajouté à cette industrie, le pays compte à ce jour, une trentaine d’unités de transformation.
Selon un rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced), bien qu’en 20 ans la production et le commerce mondial de noix de cajou ont plus que doublé, du fait de l'appétit des pays occidentaux et asiatiques, « les agriculteurs et les exportateurs africains n'obtiennent qu'une fraction du prix de détail final ». Faut-il le rappeler, selon le Conseil coton anacarde, entre 2018 et 2022, au niveau de la transformation de l’anacarde en Côte d’Ivoire, ce sont 14350 emplois directs qui ont été créés. Cette dynamique, bien que bénéfique pour le secteur, ne profite pas à certains. C’est le lieu d’interpeller les autorités pour qu’un clin soit fait dans le cadre de la politique de transformation en faveur des « petits »transformateurs.
J.E.K