Mariétou et Amadou Thiam sont les patriarches de grande famille Thiam de Côte d’Ivoire. Mariétou et Amadou Thiam eurent en tout sept (7)enfants qui sont par ordre de naissance : Daouda, Ababakar, Augustin, N’deye Anna, Abdel Aziz, Yamoussso et Tidjane.

Installée un temps au Maroc où le père était ambassadeur, la famille Thiam suscite très tôt une certaine curiosité, car elle était l’une  des premières familles noires de ce rang à s’installer à Rabat. Si Amadou Thiam devient dès les premières heures de l’indépendance une personnalité importante dans l’espace politique ivoirien et qu’il est le plus instruit du couple, Mariétou est celle qui insuffle à leurs 7 enfants cette volonté de réussite qui les caractérise. Une valeur que la nièce de Félix Houphouët-Boigny cultivera elle-même. Déscolarisée sous la pression de son père qui avait catégoriquement refusé de l’envoyer   à

« l’école des blancs » , Mariétou apprendra avec détermination à lire une fois devenue adulte . Les plus grands de ses fils étaient déjà entrés au collège lorsque la mère de famille se familiarise avec les mots et les lettres. Et c'est avec le concours de ses propres enfants qu'elle apprendra en grande partie, à lire.

Les enfants Thiam naissent en Côte d’Ivoire et évoluent dans un univers emprunt de traditions et de modernité. Musulmans pratiquants, Amadou et Mariétou Thiam n’imposent pas leur religion à leurs enfants. Bien au contraire. Deux d’entre eux épousent la religion catholique, un autre devient protestant et l’un d’entre eux épouse la religion musulmane par choix. Alors qu’ils sont familiers des cercles privilégiés, la fratrie grandit systématiquement entourée de nounous baoulé. Une volonté de Mariétou Thiam qui tenait à ce que ses enfants ne perdent rien de leur identité. Le baoulé était donc la langue la plus utilisée par la mère de famille pour communiquer avec ses enfants. A l’exception de Daouda, le fils aîné qui était déjà titulaire de son Baccalauréat à Abidjan, le reste de la fratrie suit une bonne partie de sa scolarité au royaume chérifien (Maroc). Bien que leur père soit l’une des personnalités les plus populaires du paysage politique ivoirien, ils ne bénéficieront d’aucun piston. Ils le savaient en outre, Félix Houphouët-Boigny qui privilégiait l’excellence, estimait qu’il appartenait à chacun de ses proches  d’apporter une valeur ajoutée à leur grande famille.

Malgré le fait que leur appartenance à la famille Houphouët-Boigny soit une fierté, les enfants Thiam feront leurs preuves par eux-mêmes. Et tout se gagne au mérite chez les Thiam. Bien que privilégiés, ces enfants de diplomate avaient droit aux plaisirs seulement si les résultats scolaires étaient satisfaisants. Aucun loisir n’était autorisé si les moyennes étaient mauvaises. Pour ceux d’entre eux qui avaient de bons résultats c’était les vacances en Europe. Pour les autres qui avaient des résultats moins brillants, la destination était déjà toute trouvée : le village !

Au fil des années, Daouda , Ababakar, Augustin, N’deye Anna, Abdel-Aziz , Yamousso et Tidjane vont se faire remarquer par leurs différents parcours scolaires et leurs professionnalisme au sein des administrations et des secteurs où ils feront leurs armes. Déjà réputés pour « leur intelligence » dans le cercle fermé des « fils et filles de » en Côte d’Ivoire, l’excellence de leurs parcours va être reconnu aussi bien dans le privé que dans le public, en Côte d’Ivoire et à l’international. Bien que tous brillants, certains d’entre eux se démarquent néanmoins. Abdel-Aziz Thiam, le quatrième garçon de la fratrie intègre l’Ecole Centrale à Paris, un établissement prestigieux formant l’élite des ingénieurs en France. Tidjane Thiam le benjamin de la fratrie, ira encore plus loin. Il obtiendra son baccalauréat en Côte d’Ivoire en Juillet 1980 au Lycée Classique d’Abidjan. Après des cours préparatoires au Lycée Sainte-Geneviève de Versailles, Tidjane Thiam devient le premier fils de Côte d’Ivoire à intégrer l’Ecole Polytechnique qui accueille l’élite de l’élite des ingénieurs en France. L’entrée de celui qui avait été sacré lauréat du concours général de Mathématique de Côte d’Ivoire sera fortement médiatisée. Le Ministre Akoto Yao reconnaîtra devant la presse que l’étudiant de 20 ans admis à son premier coup d’essai à la 8ème place sur 300, à Polytechnique était « particulièrement brillant ». Il sortira, en 1986, Major de sa promotion à l’Ecole des Mines.

Les membres de la famille Thiam vont tout naturellement, fort de leurs excellents parcours devenir les membres les plus visibles de la lignée des Boigny et compter parmi les familles les plus influentes de Côte d’Ivoire. Chacun d’entre eux va plus ou moins se faire un prénom en Côte d’Ivoire, ce qui fera la fierté du Président Félix Houphouët-Boigny lui-même.

- Daouda Thiam sera (entre autres) Ministre des Energies et des mines, ainsi que Conseiller spécial chargé des ressources naturelles à la Présidence de la République de Côte d'Ivoire.

-Ababakar Thiam sera un éminent Docteur en Histoire.

-Augustin Thiam Médecin de formation, sera Journaliste pour Jeune Afrique ,Gouverneur du district de Yamoussoukro et Chef traditionnel à Yamoussoukro

-N’deye Anna sera cadre de l’ancienne Banque International de l'Afrique de l'Ouest ( BIAO ).

-Abdel-Aziz Thiam occupera (entre autres) les fonctions de Directeur Régional et Directeur Général de Sitarail pour le groupe Bolloré et Ministre des Transports de Côte d'Ivoire ; Il rejoint ensuite le groupe de logistique NCT Ecotrans et opèrera en tant que conseiller spécial du président, en charge des projets d’infrastructures pour les implantations africaines.

-Yamousso Thiam, après avoir dirigé une usine de torréfaction de café , sera DGA du groupe Focus Building and Consulting, Conseillère spéciale chargée des musées présidentiels puis prendra la Direction du projet de transformation de la résidence privée de Félix Houphouët-Boigny en musée national. Sa passion pour les pièces horlogères héritée de son père, la conduira à fonder la maison « YUXE » spécialisée dans la joaillerie de luxe en Afrique de l’Ouest.

-Tidjane Thiam deviendra Consultant de McKinsey & Company, Directeur Général puis Président du Bureau National d'Etudes Techniques et de Développement (BNETD )rattaché au Premier Ministre et au Président de la République intègre l'équipe dirigeante d'AVIVA et rejoint ensuite Prudential , avant de devenir le premier dirigeant noir d'une entreprise de FTSE . Il est également membre de l'Africa Progress Panel , basée à Génève et présidée par Kofi Annan puis Directeur Général de Crédit Suisse, avant d’être nommé Président du conseil d’administration du Rwanda Finance Limited et Envoyé spécial de l'Union africaine pour mobiliser le soutien international aux plans de riposte anti-Covid-19 sur le continent.  L'homme est aujourd'hui le 3eme président du Pdci-RDA à la suite de Félix Houphouët-Boigny et Henri Konan Bédié.

Leur success-story familiale, les Thiam la doivent à leur abnégation au travail et à leurs propres forces. Les membres de cette famille ont porté, tant au public et dans le privé ,que sur le plan national et international, l’étendard des couleurs ivoiriennes. Contrairement donc à certaines petites considérations , et bien qu'assumant leurs origines, la famille n’a d’origine sénégalaise finalement que la consonance du patronyme de leur père. La grande famille Thiam est profondément ancrée dans l’histoire de la Côte d’Ivoire moderne et fait incontestablement partie des grandes familles que compte le pays, et qui inspirent grandeur, prestige, respect  et réussite. Et si elle est connue pour son lien avec la famille Houphouet-Boigny, il est bon de rappeler qu’elle est également  liée aux grandes familles Yacé, Ekra, Djibo, Amichia et bien d’autres. Tous font également partie des éléments constitutifs de cette illustre famille, qui a été de tout temps et encore de nos jours, citée en exemple en Côte d’Ivoire et en dehors.

Par Brice Brou

NB: Le titre est de la Rédaction