La salle Anoumabo du Palais de la Culture Bernard Binlin Dadié d'Abidjan-Treichville, pourtant habituée aux grandes affluences lors d’événements majeurs, n’a pas connu l’effervescence attendue ce samedi 5 avril 2025. Et pourtant, il s’agissait d’un rendez-vous mémorable : la célébration des 50 ans de carrière musicale de la diva Aïcha Koné. Une soirée qui, malgré la solennité de l’occasion, a laissé un goût amer à plusieurs observateurs et amoureux de la musique ivoirienne.

Parmi les voix qui se sont élevées pour commenter cet événement, celle du journaliste Issa Yeresso Sangaré a particulièrement retenu l’attention. Dans une publication empreinte de franchise, il déplore un "fiasco" qu’il considère comme inévitable, tant les tensions accumulées au fil des années autour de la figure de la chanteuse avaient déjà creusé un fossé entre elle et une partie du public ivoirien.

Pour Issa Yeresso Sangaré, les raisons de ce désaveu populaire sont multiples, mais convergent toutes vers un même point : les prises de position politiques controversées de l’artiste. Loin de remettre en cause le droit d’un citoyen – artiste ou non – de s’engager politiquement, le journaliste pointe du doigt ce qu’il considère comme des "franchissements de lignes rouges", notamment en ce qui concerne la solidarité nationale et le respect des institutions ivoiriennes.

« Tu peux choisir de ne pas choisir, mais il est impardonnable que tu ailles t’encoquiner avec ceux qui ont juré de combattre ton pays », écrit-il avec gravité, en référence aux prises de position d’Aïcha Koné en faveur des régimes militaires de certains pays voisins, en pleine crise diplomatique avec la Côte d’Ivoire.

Selon lui, ces positions ont profondément choqué une partie de l’opinion publique, au point d’altérer durablement l’image de celle qui fut autrefois élevée au rang d’icône. « Même à l’étranger, tu ne fais plus salle comble », affirme-t-il, soulignant le désintérêt grandissant du public pour l’artiste, autrefois adulée.

Mais dans cette diatribe, une note d’affection demeure : « Nous sommes tes frères et sœurs. Malgré tes imprudences, manquements et fautes graves, tout le monde peut t’abandonner sauf nous. » Un appel voilé au retour aux sources, à la réconciliation avec le public, à un possible pardon.

Dans le paysage musical ivoirien, d’autres figures comme Alpha Blondy, Tiken Jah Fakoly, Gadjé Céli ou encore Yodé et Siro, également engagées politiquement, continuent de drainer les foules tout en préservant un certain équilibre dans leur discours. Un contraste qui alimente davantage la critique autour d’Aïcha Koné.

Malgré tout, la soirée du 5 avril restera dans les annales, non pas pour son faste ou son succès populaire, mais comme un moment de questionnement sur la place de l’artiste dans la société, entre liberté d’expression, responsabilité et engagement patriotique.


Toussaint Konan

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